L'expert
Damien FOUILLOT
Référent pour la conservation des espèces à la SEOR (Société d’Etudes Ornithologiques de La Réunion) et encadrant de l’équipe Tuit-Tuit (agents de terrain contre les prédateurs d’oiseaux et suivi de l’espèce).
Comment le Tuit-tuit est-il perçu par les Réunionnais ?
Pour eux il s’agit d’un élément du patrimoine de la Réunion même s’ils ne s’y intéressent pas vraiment. Les touristes de la Roche Ecrite savent que c’est un oiseau rare et c’est un rêve de le voir quand ils viennent en excursion.
Pouvez-vous donner un détail emblématique sur cet oiseau ?
Son chant. Il raisonne avec puissance dans la forêt. En créole très image : c’est une onomatopée comme pour le Tek-tek (Tarier de La Réunion). Le Tuit-tuit est très difficile à voir mais on l’entend parfaitement. Il fait partie des sons familiers pour les personnes qui ont passé un peu de temps en forêt, c’est leur madeleine de Proust.
Comment sa population a t'elle évolué ces dernières années ?
Sept couples étaient présents en 2003, lorsque la SEOR a commencé à travailler sur cette espèce. On en compte 40 aujourd’hui. La population a été multipliée par cinq et son habitat est de 10 à 20 km2. La surface de dératisation a été multipliée par 13 en 10 ans. Le Tuit-tuit est désormais présent sur 2 000 hectares.
Quelles sont les menaces et causes de sa disparition ?
Les rats principalement et les chats à l’état sauvage. Globalement l’espèce était peut-être présente partout au-dessus de 800m dans une forêt relique. L’arrivée de l’Homme a complètement transformé la forêt en la défrichant. Parfois les locaux surnomment le Tuit-tuit “l’oiseau couillon” car il venait près des humains qui n’avaient aucun mal à le capturer.
Qu'attendez-vous du LIFE BIODIV'OM?
Réussir la translocation du Tuit-tuit dans un massif où il était présent anciennement. Le fait d’avoir deux sites séparés géographiquement élimine le risque d’un incendie qui détruirait les deux sites en même temps. J’espère aussi que les actions de dératisation seront sécurisées et que plusieurs noyaux de populations seront créés afin de pérenniser l’espèce et la changer de statut sur la liste rouge de l’IUCN.