Chaque année, le GEPOMAY effectue des vols ULM pour identifier les héronnières puis des survols en drone afin de suivre les colonies et estimer la taille de la population reproductrice sur l’île. Depuis 2020, l’association a mis en place un protocole rigoureux permettant d’affiner les résultats de ces estimations et de les comparer dans le temps. Pour la saison 2021-2022, la population avait été estimée à 415 couples reproducteurs. Mais qu’en est-il pour 2022-2023 ?
Héronnières – Drone Go
Une augmentation qui se confirme !
Pour la saison de reproduction de 2022-2023, 5 colonies ont été identifiées comme actives en survolant les mangroves par ULM. Les héronnières sont ainsi situées dans les mêmes mangroves que l’année précédente. Cependant, entre 2013 et 2015, seules 2 héronnières étaient actives sur l’île. Le nombre de héronnières actives a donc augmenté d’année en année pour se stabiliser à 5 depuis la saison 2020-2021.
Il n’y a eu aucune création de nouvelle(s) héronnière(s) ni de déplacement(s) au cours de la saison de reproduction au premier survol. Lors du deuxième survol, aucun changement n’a été observé.
Pour la saison 2022-2023, l’analyse par Capture Marquage Recapture (CMR) sur photographie a estimé le nombre de nids à 545, soit un total de 130 nids supplémentaires comptabilisés en 1 an. La population reproductrice est donc estimée à 545 couples pour 2022-2023.
Le nombre de nids varie très peu d’une saison à une autre pour la plupart des colonies hormis une qui compte cette année 119 de plus que l’année dernière.
Des hypothèses pour cette augmentation ?
Même si les résultats depuis 2018 semblent démontrer une augmentation de la population reproductrice à Mayotte il est nécessaire de prendre en compte que le protocole de suivi a été affiné et optimisé depuis la saison 2021-2022. L’augmentation des estimations entre les saisons 2018 et 2021 peuvent donc ainsi potentiellement venir du changement de protocole de suivi.
Cependant, depuis la saison 2021-2022, les suivis sont réalisés suivant un protocole de CMR abouti. L’augmentation de la population reproductrice entre cette saison et la précédente n’est donc pas liée au protocole.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette augmentation :
La pluviométrie: celle-ci était plus faible cette année, et ceci est un facteur de la dégradation des nids. Mais si ce phénomène était en cause, une augmentation du nombre de nids sur l’ensemble des colonies de l’île aurait été observé et pas seulement sur une colonie.
Déplacement des juvéniles devenus matures : Une autre hypothèse serait que les juvéniles devenus matures ne retournent pas obligatoirement dans la héronnière où ils sont nés. Si c’est le cas, les individus des héronnières situées dans les autres mangroves pourraient opter pour un site plus calme étant éloigné de la route et des habitations, tel que le site en question où la population a augmenté.
Capacité de charge des héronnières : une hypothèse pourrait également être que les héronnières atteignent une capacité de charge maximale en termes de ressources ou d’espace de reproduction disponibles.