Suivi des populations de Crabier blanc à Mayotte : le protocole s’affine !
Depuis 2015, le GEPOMAY suit les populations de Crabier blanc, petit héron en danger critique d’extinction sur l’île. Pour cela, l’association met en place des protocoles permettant d’estimer la taille des colonies de reproduction.
Depuis 2018, ces suivis sont réalisés dans le cadre du projet LIFE BIODIV’OM et ont permis au GEPOMAY d’affiner le protocole afin d’améliorer les résultats obtenus.

Comment suivre le Crabier blanc ?
Chaque année, le GEPOMAY réalise des prospections en ULM en survolant la totalité des mangroves de l’île avec la société les ULM de Mayotte. Ainsi, cela permet de repérer les héronnières déjà installées, généralement composées de Hérons garde-bœufs et de Crabiers blancs.
Une fois les héronnières localisées, le GEPOMAY réalise depuis 2015 des suivis par drone via l’entreprise DroneGo pour photographier les colonies. L’utilisation du drone est notamment justifiée car ces espèces nichent dans des zones difficiles d’accès, telles que les mangroves.
Les photos sont ensuite analysées au bureau, sur ordinateur, afin de compter le nombre de nids, d’adultes et de jeunes observés au fil de la saison.
Ce protocole permet d’obtenir une estimation du nombre de couples de Crabiers blanc présents à Mayotte ainsi qu’un succès reproducteur pour l’espèce et à long terme d’estimer la tendance des populations.
Vers une amélioration du protocole ?
La réalisation de photo-comptage à un instant t pour évaluer la taille d’une population pose quelques difficultés :
- Présence de nids non identifiés (impossibilité de différencier les nids de Héron garde-bœufs et de ceux des Crabiers blancs si l’espèce n’est pas présente sur le nid).
- Déplacement des Crabiers blancs au cours de la journée.
- Biais de détection liés à la visibilité des nids et/ou à l’expérience du photo-interprète.
Un protocole test sur la saison 2020-2021 a donc été effectué sur deux colonies afin d’arriver à limiter les biais du photo-comptage. Pour cela, des photos toutes les 2h ont été effectuées régulièrement sur 3 jours, entre octobre et décembre.
L’analyse de ces photos permettra de :
- Connaitre la période optimale de présence des adultes au nid au cours de la saison de reproduction
- Identifier la période journalière optimale d’identification des nids
- Déterminer les facteurs à l’origine de ces biais de détection des nids.
Une analyse CMR sur les nids
La nouveauté de ce protocole réside dans la mise en place d’une analyse CMR (capture marquage recapture) non pas sur des individus, comme réalisé habituellement, mais sur les nids pointés sur les photos. La mise en place de cette méthode a notamment été possible grâce à l’appui d’une coopération entre l’OFB (Office Français de la Biodiversité) et le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique).
- Cette analyse permet de corriger les biais de détection, et ainsi d’estimer le nombre de nids non comptabilisés par l’observateur.
- L’étude pilote a pu montrer que trois survols de chaque colonie permettaient d’obtenir des estimations d’abondance en nids suffisamment précises.
Et pour la saison 2021-2022 ?
Comme tous les ans, le protocole de suivi a débuté par une prospection ULM des colonies de reproduction des Crabiers blancs.
- 5 colonies ont été détectées, les mêmes que l’année dernière.
À la différence des années précédentes, chaque colonie bénéficiera d’un suivi CMR sur les nids durant le pic de reproduction d’octobre à décembre.
Pour la détection des juvéniles, un survol par jour et par colonie sera réalisé de décembre à février tous les 15 jours.
Pour minimiser les risques de dérangement des oiseaux, un nouveau test de hauteur de survol drone a été réalisé : le drone devra se situer à 15m au-dessus de la canopée contre 10m les années précédentes. Ces 5m gagnés vont permettre de traiter moins de photos, et donc de réduire les biais de détection liés au photo-montage.